Xiod

14 mars 2006

Rêve

Etendu sur mon lit. Je suis conscient de mes rêves. Savoir que l'on est en train de rêver et ne pas pouvoir contrôler ce qu'il s'y déroule... L'étonnement laisse place à la frustration. Puis vient le tour de la panique. Enfin, la terreur commence à m'envahir...

Impossible d'en sortir. La douleur s'immisce en moi, serpent sournois qui ondule dans ma chair. Je ressens l'obscurité qui m'entoure. L'oppression grandissante des ténèbres. L'obscurité devient pénombre. Lumière. Aveuglante. Je plisse les yeux au sein même de mon rêve. Rouge, tout est rouge. Couleur chaude , couleur sang, couleur chair. Amours...

Deux silouhettes s'approchent de moi. Je les sens. J'entends les pas, le bruissement de leurs vêtements dans l'air. Les sons se font de plus en plus nets, précis. Ils résonnent avec violence dans mon crâne, me pénètrent, me transpercent. Je tremble à chaque pas qui parvient à mes oreilles. Malgré la peur, j'ouvre les yeux, dévoré par une curiosité malsaine. Je prends conscience que je suis dans une chambre étroite, cerné par quatre murs tachés par l'humidité et les infiltrations. La peinture vieillie qui les recouvre commence à rendre l'âme et tombe par plaques entières. Le plafond. Les silouhettes marchent sur les murs, flottent sur les parois souillées de ma cellule.

Impossible de bouger les bras. Mes jambes sont attachées. Ma tête est maintenue sur un oreiller. Ils - ou elles? - s'approchent de moi et se penchent au dessus de mon lit. Mon Dieu. Des anges.

Ils n'ont pas visage. A la place des yeux, deux orbites vident semblent hurler de douleur. Leurs ailes abîmées sont maculées de sang séché. Leurs cheveux descendent en longues boucles blondes sur leurs épaules dénudées couvertes de cicatrices purulentes. Leur nez a complètement disparu, ne laissant qu'un vestige de cartilage et de petits lambeaux de chair rosée. Il ne reste qu'un semblant de bouche déformée qui paraît vouloir articuler un son. Le son se forme dans un bouillonement sanglant, monte depuis la gorge, atteint les lèvres et s'extirpe de ce corps mutilé. Il monte à l'assaut de mes tympans.

Je sais que je pleure. Je sais que je tremble. Je sais que je me recroqueville sur moi-même pour échapper à ce rêve comme je le faisait, enfant, pour me protéger du "monstre du placard". Conscient de mon corps, je me détache de cette vision atroce. J'ai entendu. J'ai compris. Il me faut du temps, il me faut des larmes, de la solitude.

Mes yeux se révulsent sous mes paupières. Je sens les tremblements s'amplifier,se tranformer en convulsions. C'est le moment. Je me redresse subitement, ouvre les paupières, laissant découvrir des yeux injectés de sang. Le même sang qui bat à mes tempes, enserrant mon cerveau dans un étau. Je pousse un hurlement de douleur et de soulagement.

Dehors, le soleil étend ses bras de lumière. Diffuse sa chaleur, change la couleur du ciel. Aujourd'hui, tout va changer. Il est temps.