Xiod

23 janvier 2006

Parmi eux

Je m'engouffre dans la station de métro. Comme tous les matins, j'ai le coeur au bord des lèvres dès l'instant où je descends la dernière marche des escaliers menant au quai. Les odeurs m'agressent. Les parfums, eaux de toilette ou après-rasages des personnes autour de moi se mélangent, flottent un instant dans l'air poussiéreux et montent à l'assaut de mes narines.

Le métro ne devrait plus tarder. J'attends patiemment, en essayant de me rappeler ce que je dois faire de ma journée. Les gens autour de moi sortent à peine de leur lit. Leur teint, déjà livide par le manque de sommeil devient blême à la lueur des néons. Je me sens comme entouré par des cadavres. Ces zombies, qui déambulent dans une station de métro désertée, mal éclairée, qui sent l'urine et la sueur.

Je suis tiré de mon cauchemard par une grande bouffée d'air chaud expulsé du tunnel par la rame. Les freins crissent et me vrillent les tympans. Les gens autour de moi ne paraissent pas s'en soucier. Une sonnerie retentit, les portes s'ouvrent. Les gens se précipitent à l'intérieur en se bousculant. Premier arrivé, premier servi. Devant mes yeux encore enbués par la fatigue se déroule une scène d'un égoïsme exacerbé, caractéristique de mes semblables. On se pousse, on souffle, on sue pour avoir une place, pour entrer avant l'autre. Je détourne le regard, écoeuré.

J'inspire profondément de grandes bouffés d'air vicié. Je m'engage à mon tour dans ce wagon aux vitres sales. Les odeurs se font plus oppressantes, plus agressives. Je me laisse aller à prendre appui sur le dossier d'un siège. Une nouvelle sonnerie appelle les usagers à s'écarter des portes, à ne plus tenter d'entrer dans la rame. Les portes coulissantes se referment doucement, le train s'ébranle et commence sa longue traversée de la ville.

Captif. Je me sens captif. Captif d'un train qui m'emmène je ne sais où. Prisonnier d'une foule abrutie par le carcan de leurs habitudes.
Et pourtant, je les suis. Je commence à avoir peur, peur de ce qui va m'arriver. Ont-ils appris que je n'étais pas comme eux? Encerclé, aucun moyen de fuir, et pourtant...

Un hurlement strident me reveille. Chaleur, sueur, odeurs. Oui. Le métro. Un homme trébuche, perds l'équilibre et marche sur mes pieds. Il s'excuse maladroitement et me présente un sourire niais, découvrant une dentition impeccable. Sonnerie, ouverture des portes, masse grouillante qui s'écoule du wagon. Je suis arrivé. Le mouton que je suis continue sa route. Je monte les escaliers le nez collé au postérieur d'une vieille femme empestant le parfum bon marché. Le vent et la morsure du froid achèvent de me réveiller. Je m'arrête. Le troupeau me dépasse. Je reste seul devant la bouche béante qui achève de cracher les derniers voyageurs.

3 commentaires:

  • Je vais t'appeler Johann ZOLA maintenant !
    Quel sens de la description impressionant ! (tu l'aurais pas copié quand même ?! :p)

    Par Anonymous Anonyme, À 7:50 PM  

  • (non même pas ! )
    Mais merci pour le comment ;)

    Par Blogger Xiod, À 10:09 PM  

  • Waw! c'est impressionnant comme c'est bien décrit! C'est la que je me console en me disant que je suis pas la seule...Merci. Et il est vraiment pas mal ce site, bonne continuation.

    Par Anonymous Anonyme, À 3:33 PM  

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